lundi, juillet 02, 2007

Quand le carburant prend la même couleur que les billets

L'essence verte part à l'assaut de Wall Street. Rien d'étonnant pour ce type de carburant dont la couleur a toujours été plus proche du dollar que de la chlorophylle.

L'essence à partir du végétal, le Brésil sait en produire depuis longtemps. En 2005, le carburant issu de canne à sucre représentait 40% de la production du pays. Une proportion considérable. Mais qui soulage peut-être plus l'économie du pays que son bilan environnemental : l'efficacité d'un carburant vert se juge sur le bilan énergétique global. Pas sur le seul rejet de CO2 dans l'atmosphère lors de la combustion.

On ne produit pas de l'essence de canne à sucre dans un vulgaire champ. Il faut de grandes étendues, et une consommation d'eau conséquente. Sa production industrielle induit un transport par camion, la centralisation et la transformation en usine. Bref, pour rouler à la canne à sucre, il faut un gros apport énergétique. Les détracteurs de ce type de carburant estiment son bilan écologique nul. Le CO2, gagné en roulant, est perdu lors de la production. Une conclusion énergiquement contesté par ses producteurs.

La Terre n'y gagnerait donc pas grand chose. Ce n'est pas le cas de tout le monde. La centralisation de la transformation nécessite de gros moyens que seuls de grands complexes industriels peuvent mettre en place. Et donc une production qui resterait sous le contrôle des grands groupes pétroliers. La centralisation avantagerait également l'Etat, bénéficiaire de la TIPP. Des intérêts qui concordent.

Au milieu de ces champs de Diester ou d'E85, il y a les partisans d'une production alternative. Pionnière, la communauté de communes du Villeneuvois a décidé de faire rouler sa flotille de véhicules municipaux aux Huiles végétales pures (HVP). Une filière de production de carburant dite "courte", directement du producteur au consommateur. Un filière soutenue par la Confédération paysanne. Le syndicat y voit un moyen d'augmenter sensiblement les revenus des agriculteurs, ainsi qu'une alternative aux jachères imposées par l'Europe. L'idée : remplacer les parcelles en repos par la culture d'oléagineux destinés à la production de carburant. Une alternative combattue par la FNSEA, pour laquelle les HVP ne sont pas une alternative crédible. Deux manières d'appréhender la questions. Deux conceptions de l'économie et de l'environnement.

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