samedi, décembre 02, 2006

Abus de confiance



"Je n'ai rien à cacher, mais là, trop, c'est trop. Mon livre, Clearstream, l'enquête, a débloqué l'autre enquête, celle des juges. Je trouve profondément injuste d'être aujourd'hui mis en cause."
Denis Robert est remonté. Non pas comme une horloge suisse qui sonne l'heure avec précision. Mais comme un mécanisme dont on a tourné la clef à outrance et qui lâche, qui lâche, qui déploie le trop plein d'énergie accumulée.

Mercredi 29 novembre, devant les journalistes réunis au Club de la presse de Lille, il explose. Il a appris trois jours avant sa mise en examen pour recel d'abus de confiance. "Il y avait prescription sur le recel de viol de secret bancaire, ils ont dû trouver autre chose. Avec ce genre de raisonnement, vous achetez un bouquin [NDLR : sur l'enquête Clearstream] et vous devenez à votre tour receleur : il y a des listes dedans." Pour l'auteur, c'est symptomatique de notre démocratie. Moins d'espace de liberté, une censure remise au goût du jour. "Mon livre [Clearstream, l'enquête]a été retiré de la vente du 9 juin au 3 juillet 2005. Des types sont entrés dans des librairies pour retirer mes bouquins! On avait pas vu cela depuis la guerre d'Algérie."

Si Denis Robert est mis en cause, c'est suite à la plainte de Dominique de Villepin. "Etre premier ministre faire un truc comme cela, c'est jouer petit bras. Je ne suis qu'un zonard qui a écrit un bouquin, c'est tout. Que le chef du gouvernement attaque quelqu'un dont le seul but est d'informer les gens est une attitude désastreuse pour la liberté de la presse."

La presse qui ne le suit pas toujours. Alors qu'elle ne s'intéresse qu'assez peu à son cas, il fait "la une sur l'Internet depuis dix jours." Sur Agoravox notamment, où il a lui-même publié un article. Un comité de soutien s'est monté pour le soutenir. Une pétition est lancée. L'écrivain donne régulièrement des nouvelles sur son blog. Bref, la Toile jour pleinement sont rôle de réseau, de culture alternative et de média citoyen.




On apprend ce samedi que Dominique de Villepin sera entendu comme simple témoin par les juges Pons et d'Huy. Cela signifie qu'aucune charge ne sera retenu contre lui. Assez décourageant. Alors pourquoi ne pas prendre les choses avec humour? On savait Denis Robert ex-journaliste, écrivain. Il faut maintenant savoir qu'il est aussi artiste. Artiste de Kombart. Par exemple avec les deux toiles réalisées à partir de de listing de Clearstream visible à la sixième page de Domination, ouvrage sorti avec le peintre Philippe Pasquet. Un livre oeuvre d'art associant toiles et textes. Des mots kombatifs, des mots salvateurs, des mots vrais tout simplement. Bref, une révolte dans un monde aseptisé.

Extrait de Domination


Torture

On joue avec les mots. Et avec les morts. Les propriétaires de journaux, de radios, de télévision instillent une idéologie faite de renoncements. Des vendeurs d'armes, de béton, de pétrole, de tuyaux, investissent des fortunes pour nous informer. Dans quel but? Entre autre, celui de nous imposer, comme nouvelle forme de religion, cette loi des marchés financiers devant lesquels la seule posture admissible est la génuflexion. On nous explique que pour être concurrentiels, les groupes français puis européens doivent s'unir. Ces concentrations impliquent forcément des compressions de personnels. Et logiquement de la fabrication de SDF, à durée de vie limitée. Leur croissance, agitée comme un fier étandard, est un mirage. Il s'agit d'une réduction de coûts. Dans nos sociétés boursières, on est prié de ne pas dire liquidateur mais repreneur, agent de consolidation mais présentateur de journal télévisé, corvéable mais flexible, licenciements mais plan social, crève la faim mais SDF, mort mais disparition ou mieux : lente destructuration.



Philippe Pasquet
Domine, 2005
Acrylique/collage sur toile et papier

dimanche, novembre 26, 2006

"Si Libération avait disparu, nous serions devenu un journal du matin" Jean-Marie Colombani

L'assemblée est clairsemée, grisonante. Quelques sonotones sont fixés dernière les oreilles attentives des auditeurs confortablement installés dans les fauteuils du Théâtre du Nord, sur la Grand Place de Lille. A l'entrée de la salle, on distribue fièrement la caricature de Plantu représentant le prophète Mahommet, publiée par Le Monde au moment de l'emballement planétaire provoqué par le Jyllands Posten. Histoire de rappeler, ou pour faire croire, selon les avis, que le journal de référence possède encore un esprit d'indépendance.

Nous sommes à une réunion de la société des lecteurs du Monde. Jean Martin, son administrateur, et Jean-Marie Colombani, directeur du journal, sont venus expliquer aux actionnaires les évolutions de leur quotidien préféré.

Jean-Marie Colombani est fier de son travail. Il a sorti Le Monde de sa faillite permanente. Il a réussi à transformer le quotidien de référence en "marque", véritable "entreprise de production d'information". Tout cela malgré la crise de la publicité, qui boude les quotidiens depuis 2001. Tout cela malgré le reflux de la diffusion dûe, selon le directeur du journal, à la diminution du nombre de points de vente. Tout cela malgré les résultats négatifs du journal depuis 2002. Sa stratégie depuis dix ans? La construction d'un groupe puissant, dont Le Monde est le centre, la tête de la pieuvre dont les tentacules sont les journaux du Midi, Courrier International, Le Monde diplomatique, Télérama. Le Monde pert de l'argent? Qu'importe, les tentacules du groupe, eux, en gagnent, et financent le quotidien. En 2006, treize millions d'euros ont été drainés de la sorte. "Remboursé avec intérêts", précise Colombani. Nous sommes condamnés à le croire, faute de pouvoir vérifier.

Autre avantage, l'actionnariat du groupe est éclaté. Pas comme Libé, devenu la propriété d'Edouard de Rotschild, "aimable et respectable personne", ni comme le Figaro, propriété de Dassault. Ici, "tout le monde est actionnaire du Monde, mais personne ne l'est directement. Avant la constitution du groupe, nous subissions des pressions, depuis nous sommes plus forts. Si certaines personnes avancent que nous sommes compromis, vous pouvez être sûr qu'ils ont tort". Evidemment, cela se voit moins qu'à Libération. Seulement Jean-Marie Colombani, si fier de son indépendance, oublie de préciser que Le Monde Entreprises (qui regroupe les sociétés actionnaires du groupe) pèse tout de même pour 10,43% dans l'actionnariat. On trouve parmis ces "actionnaires partenaires" Air France, le Crédit mutuel, BNP Paribas, Danone, Les Editions du Seuil, Fayard, Sagem, EADS, Total Fina Elf, Axa. Beaucoup de poids lourds de multiples secteurs économiques français. Autant d'annonceurs qui se servent du Monde comme vecteur pour leur image.

Le directeur du journal reconnait quand même que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. "Tous les modèles économiques sont morts, il faut maintenant en inventer des nouveaux. Le problème aujourd'hui est la fin du monopole journalistique sur l'information. Les gens sont autant informés entre eux qu'avec un journal." Alors le tout est de refaire comprendre à ces fameux gens que Le Monde est La Référence en matière d'information en France. Il faut leur faire comprendre que Le Monde leur est nécessaire. Et dans ce climat morose pour la Presse quotidienne nationale (PQN), la nouvelle formule du journal (novembre 2005) aurait limitée la casse. Alors que les ventes chutaient de 10% entre novembre 2004 et novembre 2005, elles n'ont diminué que de 4% sur cette dernière année. Dans les conditions actuelles il reconnaît que "stagner est une prouesse". Et de bouilloner d'impatience à l'idée de la présidentielle qui va faire exploser les ventes.

L'assemblée acquiesse, boit les paroles de Jean-Marie Colombani. Mais une chose inquiète ces fidèles : les journaux gratuits. Du pain béni pour le directeur qui peut justifier une part de la baisse des ventes. Et qui en profite pour annoncer que Le Monde a chipé au Figaro le projet de lancer un Ville + à Paris, associé au groupe Bolloré. Avec une idée révolutionnaire : distribuer ce gratuit directement dans les boîtes aux lettres. Ce support publicitaire sera également un appel pour acheter le Monde de l'après-midi. Les articles seront en parti fournis par les rédacteur du journal, en version light. La totalité de l'article se trouvera dans le Monde de l'après-midi.

Le quotidien de référence a une particularité, à la fois force et faiblesse. C'est un quotidien du soir. Si à Paris et en Ile-de-France, cela lui permet d'être "le journal qui a toujours le dernier mot", en province, les nouvelles ont une demie-journée de retard face aux autres quotidiens de PQN. Une parution le matin provoquerait "une forte augmentation des ventes partout en France, mais une chute vertigineuse en Ile-de-France. Là où nous devons travailler, c'est sur l'amélioration de la diffusion, pas sur l'heure de parution. Pourtant, une chose est sûre, si Libération avait disparu, nous serions devenu un journal du matin". Il est évident que la disparition de Libération aurait profité au Monde. Le journal perdra encore de l'argent en 2006.

Mais Colombani espère encore et toujours que grâce au groupe, grâce à cette "marque Le Monde", grâce à cette "référence", grâce à cette stratégie offensive, le journal en sortira grandi. Malgré cette heure à expliquer le bouillonement capitalistique qu'il a mis en oeuvre, il tient à rassurer les actionnaires de la société des lecteurs : "On ne deviendra pas une société capitaliste comme les autres." Etrange conclusion lorsque l'on vient de faire une brillante démonstration pour expliquer que c'était déjà le cas.

jeudi, novembre 23, 2006

Septimanie suite

Depuis le dernier message, la situation a évoluée en Languedoc-Roussillon. Jean-Claude Gayssot n'a finalement pas démissioné, 29 des 31 maires de l'agglomération de Montpellier ont signé une pétition de soutien à Georges Frêche.

Ce dernier a déclaré:

«90 % des gens qui sont normaux pensent à peu près comme moi [...] Je n'ai à m'excuser de rien du tout. J'ai rien dit du tout. J'ai dit que moi, mon idéal, c'était une équipe black-blanc-beur. Avec toutes les couleurs de la société française. Qu'une équipe où il n'y aurait que des Noirs, c'est pas une équipe de France. [...] Ce n'est pas une question de Noirs ou de Blancs, la France est faite de Blancs, de Noirs, de Jaunes. [...] Mais manifestement, ce n'est plus une équipe équilibrée aux couleurs de la France. C'est une évidence. Ce n'est pas une évidence raciste. Mais on n'a pas le droit de le dire...»

mardi, novembre 21, 2006

La Septimanie aux septimaniens

Rebelote. Georges Frêche, président de la région Languedoc-Roussilon c'est de nouveau distingué la semaine dernière par des propos outranciers. Jean-Marie trouvait que les joueurs de l'équipe de France de football ne savaient pas chanter la Marseillaise. Georges a trouvé pourquoi : "il y a neuf Blacks sur onze", alors que "la normalité serait qu'il y en ait trois ou quatre". Cette proportion est pour lui "une honte pour la France".

Discrimination un peu trop positive? Certainement pour Georges Frêche. Mais pour les instances nationales du PS, ce qui est de trop, c'est le franc-parlé de ce personnage atypique. Déjà suspendu du bureau national du PS pour deux ans après avoir considéré que les harkis étaient des "sous-hommes", François Hollande souhaite que la commission des conflits du PS se penche sur son cas. S'en est trop pour georges qui estime que "l'on veut [sa] peau". Et de menacer de ressortir des dossiers sur l'affaire Urba Greco, relative au financement du PS dans les années 1980. Juste histoire de "semer la panique". Mais ce fervant partisant de Ségolène Royal, depuis qu'il a laissé tomber Strauss-Khan, n'en fera rien : "elle a de bonnes chances de l'emporter [à la présidentielle], je ne dirais rien contre mon parti". Georges s'embrouille, Georges cafouille.

Et ce genre de coups d'éclat, on apprécie modérement dans l'exécutif régional. L'ancien ministre Jean-Claude Gayssot, qui estime que ces propos sont racistes a démissioné de sa vice-présidence. Le PCF et les Verts ont suspendu leur participation. Qu'importe, il en faut plus pour Georges. Puisque selon lui , ses propos "n'ont rien de scandaleux", et si le délitment de la majorité se confirme, il "retournera devant les électeurs".

Ces électeurs qu'il aime tant, d'une région qu'il adore. Il l'aime au point d'avoir voulu la rebaptiser : Septimanie au lieu de Languedoc-Roussillon. Ca sonne mieux, ça fait plus Gallo-romain. Du coup, tous les panneaux routiers ont été refait, les imprimés pour les touristes également. Jusqu'à ce que ce changement soit invalidé. Et que toutes ces dépenses n'aient servies à rien.

Mais encore une fois qu'importe pour Georges. Il domine toujours le quartier néo-grec de Montpellier du haut du démesuré hôtel de région qu'il a édifié. De son perchoir, rien ne l'atteint. Ni les accusations de mégalomanie, ni celles concernant ses propos racistes. Le pire dans l'histoire, c'est que si des élections ont lieu, les urnes pourraient bien lui donner une nouvelle fois raison.

mercredi, novembre 15, 2006

Dominique de Villepin à Lille

Une heure et demi d'attente, cinq contrôles de carte d'étudiant, une fouille de sac et une grosse bagare pour la moindre place dans l'amphi. Il fallait en vouloir ce mercredi 15 novembre pour assister à la conférence de Dominique de Villepin à Lille. La fac de droit grouille d'étudiants venus des quatre coins de la ville pour écouter le locataire de Matignon.
Aucun ne sait vraiment ce que le Premier ministre vient faire à Lille, et surtout devant eux. C'est par curiosité ou avec la simple envie "de le voir en vrai" qui les a déplacé.

Peu avant 15h, les étudiants membres de l'UNI se placent sur les bancs réservés aux personnalités, ce qui ne manque pas de faire rire la salle. Pierre Maurois s'installe, suivi de tout les notables locaux. Et puis ça y est, il arrive. Energique. Beau. Souriant. Il se prête quelques instants au jeu des photographes, puis entame la conférence.

Dominique de Villepin déroule son discours, brillant, sur la France dans le contexte international, avec un petit accent d'ONU 2003.
"Le premier élément marquant est l'émergence de la Chine. Très puissante, le problème est qu'elle n'a pas encore adopté les mêmes règles sociales et environementales que l'Europe." Il poursuit sur une actualité à laquelle il aime toujours rappeler son implication : " Le second est l'Irak. La guerre était vouée à l'échec. Le pays est aujourd'hui plongé dans une guerre civile. Le monde voulu par les Etats-Unis, un cercle vertueux, ce révèle être un cercle vicieux."
"Il y a souvent des injustices, dans de nombreuses régions du monde, qui se transforment en frustration. Or un monde d'inégalité va vers le désordre."

C'est pour cela que la France et l'Europe doivent reprendre une place importante dans le monde. Pour plusieurs raisons : pour préserver les protections sociales, pour l'émergence d'un "patriotisme économique européen". Thèmes qu'il déroule en presque 3/4 d'heure de discours. Il conclue en regrettant le manque de place donné à l'international dans la campagne politique actuelle.

Arrive le tour des questions. Plates, attendues, carressant l'homme dans le sens du poil. Sauf peut-être celle portant sur la remise de Légion d'honneur à Vladimir Poutine. Dominique de Villepin abandonne alors sa grande vision de la France démocratique aux valeurs universelles pour la ramener au rang de simple petit pays dépendant du gaz. Et de plonger sur une phrase : "Avant de regarder ce qui va mal chez les autres, il faut d'abord se rendre compte ce qui va mal chez soi."

Jules Ferry fait des émules

C'est demain que les militants PS votent. Et c'est aujourd'hui qu'un petit frère de Jules Ferry (jules-ferry-2) décide à son tour d'envoyer une petite vidéo ennuyeuse : un grand moment de solitude pour Ségolène Royal.

Nous sommes début 2005. La compagne de François Hollande s'engage pour la Constitution européene. Comme beaucoup, elle essaye d'être pédagogue, mais avec sa méthode à elle : l'explication par l'exemple régional.

Le problème apparaît lorsque la pédagogie se transforme en démagogie, et même en mensonge. En effet, comment soutenir qu'un rejet du traité constitutionnel entrainera inévitablement une privatisation des cantines scolaires.

La preuve par Ségolène:

vendredi, novembre 10, 2006

Coup bas pour Ségolène

Les débats au Parti socialiste (PS) sont finis, plus que six jours avant le premier tour de la primaire.
Et patatra, un coup très bas. Comme d'habitude, c'est pour Ségolène Royal. Un bien nommé Jules-Ferry laisse circuler sur Dailymotion une vidéo où la reine des sondages n'est pas tendre avec les profs. On est peut-être pas au niveau du "dégraissage de mammouth" cher à Claude Allègre, mais les profs encartés apprécierons.



Du coup, sur Désirs d'avenir, on tente de retourner l'attaque en la transformant en proposition.
Arnaud Montebourg:

"le soutien scolaire doit pouvoir avoir lieu non plus dans le privé (...) au frais des familles mais au contraire dans le service public de l'éducation, pour tous les enfant qui en ont besoin et gratuitement".


Enfin, au moins maintenant on sait, dans la dernière ligne droite, tous les coups sont permis.

mercredi, novembre 08, 2006

lundi, novembre 06, 2006

Les trous noirs du Web, acte II

Chine. L'année 2004 se termine. L'heure des commémorations du quinzième anniversaire des manifestations de la place Tiananmen approche. Mais le gouvernement n'est pas très enthousiaste. Il n'est pas bon de remettre dans les têtes cette révolution manquée. Il n'est pas bon non plus de rappeler à l'étranger la nature anti-démocratique de ce régime à l'heure où il s'ouvre à l'économie de marché. Pékin se contentera du minimum syndical : spectacle avec invités triés sur le volet. Le gouvernement demande également aux journalistes de ne pas rappeler cet événement dans leurs colonnes.

Dans la province du Hunan, un journaliste refuse ce nouvel abus du pouvoir central. Il se nomme Shi Tao, il est rédacteur en chef du journal Contemporary business news. Pour dénoncer ce diktat, il diffuse sur l'Internet la note que le gouvernement chinois lui a fait parvenir. Elle lui demande de taire l'anniversaire de Tiananmen. Pékin, furieux, demande à Yahoo! de lui fournir l'identité du frondeur. La multinationale s'exécute. Shi Tao est condamné en avril 2005 à dix ans de prison. "Son procès, tenu à huis clos, n’a duré que deux heures. Quelques jours avant son ouverture, l’avocat du journaliste, Guo Guoting, a été interdit d’exercer pendant un an", selon Reporters sans frontières (RSF).

Mardi 7 novembre 2006, RSF donne la possibilité aux internautes d'envoyer au fondateur de Yahoo!, Jerry Yang, un message de protestation. "Parce que cette société a été la première à censurer son propre moteur de recherche pour plaire aux autorités chinoises et collabore depuis des années avec la police qui arrête et condamne des dissidents et des reporters indépendants en Chine."

Entre mardi 11 heures, et mercredi 11 herures, RSF demande aux internautes de venir sur son site. Ils pourront cliquer sur une carte du monde symbolisant les trous noirs de l'Internet. Reprenant la formule utilisée pour le Somment mondial de la Société de l'information (SMSI), il s'agit de montrer que treize pays dans le monde bloquent toute expression libre sur la toile. Et que certaines multinationales les aident.

Tu parles trop Denis

C'est bien connu, lorsqu'on s'attaque au pouvoir politique, il faut s'attendre à en payer le prix. Cela sera peut-être bientôt le tour de Denis Robert.

L'ex-journaliste de Libération, dans son livre Révélation$ (2001) a été le premier à révéler les disfonctionnements de CLearstream.

Si le cancer du poumon est la maladie de celui qui fume à outrance, le recel est celle du journaliste qui enquête trop. Pour réaliser cet ouvrage, Denis Robert a utilisé des documents remis par Florian Bourges, qui venait d'auditionner les comptes de Clearstream pour la société Arthur & Anderson. Documents dont sont issus les fameux listing. Or samedi, le parquet a suggéré aux juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons de le mettre en examen pour recel d'abus de confiance. Bref, ce qui dérange, c'est qu'il fasse son métier de journaliste.

Le réalisateur de documentaire Gille Cayatte et le producteur Frank Eskenazi viennent de lancer une pétition intitulée "Nous sommes tous des receleurs". Les deux hommes expliquent ne pas vouloir prendre position sur le fond de l'affaire Clearstream. Mais ils veulent réagir contre ce qu'ils considèrent comme "une tentative d’intimidation de toute une profession. Et donc une attaque très grave contre la liberté d’écrire et d’informer."

dimanche, novembre 05, 2006

Verbatim sur la pré-campagne socialiste

Une petite semaine de retard. Mais je considère que ces documents doivent circuler, et c'est dans ce but que je les mets aujourd'hui dans l'Abrakacanard.

Le discours de Ségolène Royal



Le discours de Laurent Fabius



Le discours de Dominique Strauss-Khan


Dans un autre genre, voici le type de documents que les militants socialistes du XI° arrondissement de Paris peuvent recevoir dans leurs boîtes mail. Chaque équipe soutenant un candidat à l'investiture a reçu le droit d'envoyer trois mails aux militants avant le premier tour du 16 novembre 2006. Trois équipes, trois styles différents.

De la part des supporters de Laurent Fabius:

Chère camarade, Cher camarade,

La France traverse une grave crise économique, sociale,
institutionnelle, morale. La démocratie et la cohésion nationale sont en danger. Nos concitoyens souffrent du chômage, d´un pouvoir d´achat en berne, de la précarité. La fermeture de nombreux services publics aggrave les inégalités. La montée de l´intolérance et de la violence abîme le lien civique et social. Le mal d´avenir est partout, et d´abord chez les jeunes. L´Union européenne est au point mort par la faute de dirigeants qui ne font pas le choix d´une Europe sociale et forte dans la mondialisation.

Les Français veulent le changement en 2007. Il ne viendra pas de la droite et de SARKOZY qui prône le libéralisme en économie, le communautarisme pour la société et l´américanisme pour la diplomatie. L´espérance et la confiance dans le changement ne peuvent venir que du Parti socialiste. À condition qu´il tire vraiment les leçons de l´expérience, qu´il réponde aux préoccupations quotidiennes de nos concitoyens, qu´il soit le socle du rassemblement le plus large de la gauche.

Si notre projet et notre candidat proposent des choix clairement socialistes, la victoire est à notre portée. Mais si la ligne politique est floue, la défaite risque d´être au rendez-vous. Laurent FABIUS est le candidat du projet socialiste qu´il enrichit par ses « 7 engagements » que tu trouveras en pièce-jointe à ce mail.

Laurent FABIUS a également l´expérience et le courage d´un homme d´état pour l´emporter dans le dur combat que notre candidat devra mener contre le probable candidat de la droite Nicolas SARKOZY. C´est pourquoi nous voulons que le prochain président de la République soit Laurent FABIUS.

La responsabilité de chaque militante et de chaque militant est immense. De son choix dépend le futur de la gauche, de la France et de l´Europe.

Nous comptons sur toi pour soutenir Laurent FABIUS dans son combat pour une alternative démocratique et sociale en France et en Europe en votant pour lui le 16 novembre.

Fidèles amitiés socialistes,

Pierre AIDENBAUM
Maire du 3e, président du Comité de soutien parisien à la candidature
de Laurent FABIUS
Pierre CASTAGNOU
Maire du 14e, mandataire de Laurent FABIUS dans la Fédération de
Paris du Parti socialiste




De la part des partisans de Ségolène Royal:

Pour nous, c´est elle
PS - Section Léon Blum- Paris 11ème


Cher(e) camarade,


Au cours de cette campagne interne, de nombreux camarades de notre section se rallient à la candidature de Ségolène Royal pour faire gagner la gauche en 2007.
Nous sommes particulièrement heureux de compter parmi nous Patrick Bloche, Premier Secrétaire de la Fédération PS de Paris et Député de la 7ème circonscription de Paris (11ème et 12ème arrondissements).

Patrick Bloche a fait la déclaration suivante : « Le 16 novembre, je voterai pour Ségolène Royal.

Tout au long de ces dernières semaines, de débat en débat, je dirai que Ségolène Royal s´est imposée à moi comme une évidence politique. Pour empêcher le danger Sarkozy, les socialistes ne peuvent pas se contenter du seul rejet de la politique de la droite.

La deuxième évidence, c´est que, pour éviter le spectre du 21 avril 2002, il faut pousser plus loin les feux sur un certain nombre de sujets que ne le fait le projet socialiste. Comme François Mitterrand ou Bertrand Delanoë pour conquérir Paris, elle réintroduit la prise de risque dans l´action politique. Ca me plaît.

Lorsqu´il y a crise, il faut avoir le courage de choisir entre le vieux et le neuf. Par rapport au procès qui lui est intenté, elle tente de réaliser un rêve abandonné par la gauche : reconquérir l´électorat populaire »

Comme Patrick Bloche, nous pensons que Ségolène Royal est la mieux à même de porter notre projet devant le pays et de conduire la gauche à la victoire en 2007




De la part des partisans de Dominique Strass-Khan :

Cher(e) camarade,


Le débat continue pour choisir le candidat qui incarnera les idées et les propositions socialistes et les fera gagner en 2007.

Pour débattre et échanger en profondeur autour des propositions de Dominique STRAUSS-KAHN, le comité de soutien à DSK du 11ème arrondissement t'invite aux évènements suivants :


* MEETING DE DSK A PARIS, SAMEDI 28 OCTOBRE (17 h30)

Au gymnase Bourneville (5 rue du docteur Bourneville) dans le 13ème
arrondissement, M° Porte d'Italie.


* GRAND DEBAT sur les propositions économiques et sociales de
DSK, le 3 novembre à 20 heures

en présence de Jean-Marie LE GUEN, député de Paris, à l'AGECA (177,
rue de Charonne, M° Alexandre Dumas)


* Réunions d'appartement chez un camarade de ton quartier :

- Samedi 28 octobre à 11 heures 30 chez ******, rue Léon Frot

- Mardi 31 octobre à 20 heures chez ******, angle Oberkampf -
Richard Lenoir

- Mercredi 01 novembre à 20 heures chez ******, M° Ledru
Rollin

- Samedi 04 novembre à 11 heures 30 chez ******, rue Saint
Sabin

- Vendredi 10 novembre à 20 heures chez ******,
Place Léon Blum


[...]


Le débat continue aussi sur notre blog de soutien local : http://
paris11.avecdsk.net/ sur lequel tu trouveras notamment l'interview
exclusive de notre secrétaire de section, François VAUGLIN, où il
explique pour quelles raisons il soutient DSK.


Amitiés socialistes,

L'équipe de Paris 11 avec DSK.

samedi, novembre 04, 2006

Ecologiquement neutre

Le 6 novembre à Nairobi (Kenya), les Nations Unies ouvrent une conférence sur le climat. Pour les devancer, les associations écologistes tentent ce samedi, une nouvelle fois, de faire comprendre à la population qu'il y a urgence. A Paris, ils iront symboliquement sauver le zouave du Pont de l'Alma, intronisé "premier réfugié climatique parisien". D'autres petits malins ont décidé de réagir tout de suite. Lucrativement.
Climat Mundi ("Produits et services neutres en CO2") fait de l'éco-citoyenneté son fonds de commerce. Le principe est simple : il repose sur le permis d'emission de dioxyde de carbonne mis en place par le protocole de Kyoto. L'entreprise rachète des crédits carbonne puis les revend aux particuliers et aux entreprises soucieux de compenser leurs emissions en CO2. Naturellement, elle fait sa marge dans l'opération.
Alors toute cette histoire est belle, mais, mis à part quelques bobos pris d'une fièvre écologique aiguë, qui irait dépenser ses maigres économies pour compenser ses trajets de voitures ou son chauffage hivernal? Climat Mundi prévoit deux stratégèmes : la culpabilisation et le soulagement de conscience.
Ecologiquement parlant, nous vivons mal. C'est une réalité. L'attitude la plus responsable demanderait de changer nos habitudes de vie. L'entreprise assure que non : vivre en voulant respecter sa planète, c'est vivre avec moulte contraintes, c'est s'ennuyer pour pas grand chose, ce n'est pas toujours efficace. "Les transports en commun ne permettent pas toujours d’aller où l'on veut rapidement ; en appartement, on ne peut pas toujours régler son chauffage, le tri sélectif n’est pas partout en place, installer un capteur solaire ou isoler fortement son logement ou ses bureaux coûte cher et met longtemps avant de se rentabiliser, les réunions téléphoniques ont leur limite et les déplacements en avion sont parfois nécessaires."
Et même si vous êtes un bon élève et que vous arrivez au prix d'efforts surhumains à adopter un mode de vie plus écologique, cela ne sert à rien : "même en limitant vos émissions de façon importante, par exemple en les divisant par 2, elles ont de grandes chances de rester bien supérieures à ce que la planète peut supporter durablement ." Encourageant.
Et c'est là que Climat Mundi arrive pour soulager les consciences. En caluclant les emissions annuelles de votre voiture ou du chauffage de votre appartement, vous pouvez lui racheter une virginité écologique au prix modique de 20€ la tonne. Par exemple, si votre voiture consomme 8 litres aux 100 km, pour 20 000 km vous rejetez 4,34 tonnes de CO2 dans l'atmosphère. 86, 72€ à Climat Mundi, et c'est comme si vous n'aviez jamais démarré votre voiture.
En effet, l'entreprise reverse une partie de cette somme à des projets visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une usine de biogaz en Australie, un foyer de cuisson à haut rendement en Erythrée, une ferme éolienne en Turquie. Rien à dire, on se sent mieux.
Alors surtout, ne changez rien à vos habitudes. Polluez et rachetez votre mauvaise conduite : devenez comme cette femme au sourire radieux qui affiche son bien être en affirmant "je suis écologiquement neutre". Laissez les entreprises privées faire ce qui devrait être la mission de l'Etat. Mais surtout exploitez l'idée. Aujourd'hui, la mode est au climat. Demain, elle sera peut-être à la faim dans le monde. Bien malin celui qui montera une boîte de compensation alimentaire pour construire une usine de yahourts en Somalie. Comme cela on pourra tous proclamer "je suis nutritionnellement neutre".

vendredi, novembre 03, 2006

La voix off & polémix

Quelle belle tradition populaire que de railler les hommes politiques. C'est bête. C'est méchant. Mais, le pire, c'est qu'à chaque fois on en redemande. Alors tout le monde se lance. Chaque radio, chaque chaîne de télé a son polémiste. Pas question de zapper les quelques minutes de décalage qui offrent une image moins lisse et plus corrosive. Chacun y va de son commentaire, de sa vanne. En face , ou dans le dos des intéressés. Tous les auteurs satiriques étant loin d'avoir le même talent, la multitude nivelle vers le bas.
Alors au milieu de tant de coups-bas, se distinguer de la masse, c'est exister. Etre créatif parmis les esprits libres se révèle une tâche ardue. La Voix off et Polemix, dans leurs éditomix, innovent. Non pas par la méthode du remix et du détournement. Mais parce qu'ils vont plus loin que les autres dans leur ton. Ils reprennent, transforment, triturent les mots. Les petites phrases des politiques se retournent contre leurs auteurs. Ils les allument là où ça fait mal. C'est en dessous de la ceinture et c'est assumé. Par leurs détournements, ils rendent plus vraix nos gouvernants, accentuant un trait de caractère, un lapsus, une attitude. De la caricature auditive qui se résume en un mot : hilarant.

Bonus: ils sont tourangeaux, et ce n'est pas donné à tout le monde.